INTERVIEW. Rencontre avec six lycéens de la Cité Scolaire Internationale Europole de Grenoble, passionnés de science et lauréats d’un 2e prix aux olympiades de physique 2023/2024.
C’est dans le cadre d’un projet extra-scolaire que s’est créé le groupe de Sinan, Himanshu, Noor, Elodie, Rafael et Neil, élèves de terminale à la Cité Scolaire Internationale Europole de Grenoble.
Leur objectif : participer au concours des Olympiades de Physique France 2023/2024, qui consiste à présenter un projet scientifique, soutenu et accompagné par leurs professeurs. Les sélections se déroulent en plusieurs étapes : d’abord au niveau inter académique, puis une finale nationale à l’Université Paris-Cité. En février dernier, ils ont remporté le 2nd prix à la finale Nationale.
Ces jeunes talents nous partagent lors de cette entrevue les étapes de leur projet et leur retour d’expérience.
En quelques mots, en quoi consiste votre projet ?
Himanshu : Quand vous prenez un aimant par exemple, quand vous passez votre doigt dessus, vous remarquez qu’il n’y a rien, vous ne sentez rien. Vous essayez de voir mais vous ne voyez rien. Mais il y a quand même quelque chose qui fait que quand on rapproche un autre aimant ou un autre élément magnétique, on sent que ça tire, ou que ça se repousse. Et bien nous, nous nous sommes intéressés à comment on pourrait visualiser ces champs magnétiques et juste faire une image, un modèle.
Rafael : Nous avons fabriqué une maquette de MFM, un Microscope à Force Magnétique, et l’objectif était justement de pouvoir observer les champs magnétiques de façon low-tech.
Noor : Nous avons pour cela utilisé du matériel de récupération, par exemple le moteur d’un ancien lecteur CD. Au départ, c’était juste du bricolage, et au final le résultat est plutôt satisfaisant.
Pourquoi avoir choisi ce sujet-là ?
Sinan : Au début, notre première idée était de travailler sur des trous noirs, les interactions entre planètes. Sauf que cela n’intéressait pas tout le monde dans l’équipe, et après quelques discussions, on s’est dit qu’on allait peut-être se diriger vers quelque chose en lien avec les ondes. Avec l’aide de notre professeur de Physique-Chimie, Monsieur Eric Martinet, nous avons fait une séance de brainstorming, avec pleins d’idées sur un tableau, et il y en a une que nous avons tous bien aimée : les microscopes à force magnétique. C’est de l’interaction, c’est beaucoup d’oscillations, tout ce qui est vibrations… c’était un bon mélange.
Comment vous y êtes-vous pris pour mener à bien votre projet ? La répartition des tâches, le planning ?
Sinan : On s’est d’abord fixé des heures dans la semaine. On se donnait RDV au labo pour travailler. Au fur et à mesure, on a changé les horaires, on travaillait même pendant la pause de midi et les récrés. Chacun venait en fonction de ses disponibilités. On ne se focalisait pas tous sur les mêmes choses, mais quand on travaillait tous ensemble, chacun d’entre nous participait à la mise en place. Pour la programmation, c’était plus Rafael, car il maîtrisait beaucoup plus. Pour tout ce qui est mesures, récolte de données, c’était un peu tout le monde. C’est quand même un travail très collectif.
Noor : Avec Elodie, on s’est plus intéressées à la partie théorique et à l’histoire du magnétisme. C’est un peu la partie que tout le monde apprécie le moins dans les projets, mais il fallait bien que quelqu’un le fasse ! [rire]
Pourquoi avoir candidaté au concours des olympiades de physique ?
Rafael : Nous avons des copains qui ont participé au concours l’année dernière, et ils se sont éclatés. Nous avions vraiment envie de vivre la même expérience.
Sinan : Et puis la physique, c’est un domaine très riche. Ce concours nous laissait la possibilité d’élaborer un projet de manière assez libre, sans thème imposé.
Comment se déroule le concours ?
Himanshu : Il y a deux phases. La première, le concours régional, avec l’expérimentation, la rédaction d’un mémoire et la présentation du projet à Lyon. Nous avions 20 minutes de présentation et 20 minutes de questions.
Rafael : Pour le concours régional, nous avons présenté notre projet en amphi, devant un jury composé d’une dizaine de personnes. Certains d’entre eux étaient spécialisés dans les MFM.
Sinan : Ensuite à Paris, c’était le même principe : une présentation devant le jury et une séance de questions. Mais, en plus, il y avait une exposition dans le hall de l’Université Paris Cité qui était ouverte au public et qui présentait tous les projets. Cette exposition permettait de laisser le temps au jury de délibérer.
Rafael : C’était très intense et il fallait ajuster notre présentation car il y avait tout type de personne, il y avait des jurys, des spécialistes, des professeurs, même des enfants….
Avez-vous une anecdote à partager ?
Himanshu : Moi je me rappelle d’un moment de stress, c’est juste avant de partir à Paris, il y avait eu un petit problème avec une maquette et plus rien ne marchait. Du coup, on a tout défait, on a tout re-soudé et au final, c’était à cause d’un faux contact.
Neil : Et ce n’est même pas le seul problème qu’on a eu parce qu’on n’a pas retrouvé les aimants qu’on utilisait pour le levier. On a donc dû s’adapter.
Qu’est- ce que le projet vous a apporté ?
Himanshu : Nous avons appris beaucoup de choses : à travailler en équipe, à s’organiser, à communiquer entre nous. Cette aventure a été aussi l’occasion pour nous de partager notre expérience dans une école primaire, où on a pu présenter à une classe de CM2 des concepts de base en physique.
Rafael : Cela nous a également permis de visiter pleins de laboratoires. On a vu des choses qui étaient vraiment fantastiques. Cela nous a donné un aperçu de ce qu’est le monde de la recherche. Certains d’entre nous ont déjà pour projet de travailler dans ce milieu.
Sinan : Notre professeur, Monsieur Martinet, nous avait expliqué que c’était le début « d’une expérience scientifique et humaine ». Au début je ne comprenais pas pourquoi « humaine », pour moi c’était plus scientifique, de la recherche et des expériences, mais finalement c’est vraiment très riche humainement. Au-delà du projet nous avons fait beaucoup de rencontres très intéressantes. Et on voudrait remercier particulièrement nos profs, Eric Martinet et Thierry Griffo pour leur accompagnement et tout le temps qu’ils nous ont consacré.
Pensez-vous que cette expérience va influencer votre orientation future ?
Noor : Avant ce projet, je voyais le travail en équipe comme une tâche un peu difficile. J’ai toujours eu tendance à travailler en autonomie, un peu dans mon coin. Mais avec cette équipe incroyable, j’ai eu énormément plaisir à travailler avec eux. C’était cet aspect-là de la recherche qui me décourageait mais j’ai découvert que finalement, ce n’était pas si mal. La recherche, c’est un peu comme un jeu. C’est des petits paliers que nous devons monter étape par étape. C’est assez satisfaisant d’avoir cet aspect-là.
Elodie : De mon côté, je me voyais plus m’orienter vers la biologie. Mais avec ce projet, j’ai aussi vu la physique dans le biomédical et je pense avoir trouvé une nouvelle voie.
Himanshu : Moi, je savais déjà que je voulais travailler dans la recherche et ce projet a réaffirmé mon choix.
Neil : Ce projet m’a vraiment donné une vision plus positive du travail de recherche. Ça réaffirme mon souhait de travailler dans ce secteur.
Sinan : Je suis encore un peu hésitant, car cette expérience m’a montré à quel point c’était amusant, mais qu’il y avait énormément de travail. Mais j’aime beaucoup cet aspect de la science.
Rafael : Au début, je pensais faire de l’informatique, mais je me suis rendu compte que ce qui m’intéressait, c’était aussi la physique. Alors je vais quand même faire de l’informatique mais plutôt orienté physique.
Vous allez présenter votre projet lors du prochain Midis by GIANT. Que diriez-vous aux personnes pour les inciter à venir vous voir ?
L’équipe : Venez nous voir, pour découvrir pourquoi et comment un aimant colle sur un frigo et ce qu’est un Microscope à Force Magnétique. La physique, ce n’est pas si compliqué. On est très cool, notre projet aussi !
RDV vendredi 8 mars à 12h30, à l’amphi de la Maison Minatec, pour en savoir + sur le projet !
Une conférence gratuite, ouverte à tous sur inscription obligatoire :